jeudi 26 décembre 2013

Top 10 des films de l'année 2013

Bien que Noël soit passé et que vos nombreux et inutiles cadeaux soient déballés et probablement déjà revendus sur Ebay, il vous reste pourtant le plus beau des présents, celui que vous avez attendu avec impatience toute l’année en finissant par ne plus y croire tant l’espoir avait fini par vous ronger de l’intérieur : le fameux Top 10 des films de l’année 2013 parrainé par Salles lumineuses et toiles obscures. Donnant comme d’habitude le ton à la saison des récompenses qui se clôturera plus péniblement avec les moins prestigieux Oscars et Césars, ce classement est devenu en l’espace de quelques années la référence officieuse dans le milieu du cinéma avec une longue liste de lauréats étant depuis passés à la postérité : Perdu dans l’espace en 1998, Safari en 2009, Jack et Julie en 2011, Twilight Chapitre 5 en 2012, etc … L’énonciation de tous les chefs d’œuvre que Salles lumineuses et toiles obscures a contribué à promouvoir serait trop longue, et ébranlerait trop les certitudes des cercles autorisés du cinéma international. Sans plus attendre, voici donc nos 10 meilleurs films de l’année 2013*.

*Par souci de transparence, sachez que ce classement a été établi à partir des 120 films que j'ai pu voir en 2013, mais ne prend bien entendu pas en compte les films sortis hier. Si chef d’œuvre il y a, je m'engage à réparer l'erreur lors du Top 10 de l'année 2014 qui sera j'en suis sûr encore plus attendu
Pour cette grande occasion, Jennifer Aniston a choisi d'étrenner un nouveau boyfriend

Note : 9,5 (Barème de notation)

1/ La vie d’Adèle - Chapitres 1 & 2
Drame – France (2h57)
Réalisé par Abdellatif Kechiche
Avec Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos
On a suffisamment parlé des nombreuses polémiques ayant accompagné la sortie de ce film pendant toute l’année pour que j’en rajoute moi-même une couche, d’autant plus que vous pouvez aller vous faire votre propre idée sur la toile et que tout cela me semble de toute façon bien moins intéressant que le film en lui-même. Plus qu’une simple amourette lesbienne à la Juliette et Juliette, l’œuvre d’Abdellatif Kechiche est en effet un film aussi redoutablement simple que gigantesque d’ambition, montrant à voir en l’espace de trois heures étonnamment courtes une fresque psychologique et sociale hypnotisante de beauté et de vérité à la fois, ce qui est rare. Peut-être le meilleur film français des années 2000/2010 tout court.

2/ No
Drame – Chili (1h57)
Réalisé par Pablo Larraín
Avec Gael García Bernal
No est un beau film politique sans être militant comme on en fait peu, sachant concilier à merveille son devoir d’information presque documentaire et une poésie cinématographique très aboutie. Une poésie largement facilitée par le très intelligent parti-pris d’une photographie d’époque donnant à l’œuvre de Pablo Lorrain une allure aussi réaliste que mélancolique. L’élégante interprétation de Gael García Bernal, tout en retenue et en pudeur, est aussi pour beaucoup dans la réussite d’un film qui montre que le cinéma peut être partout tant que l’intelligence est là pour l’animer.

Note : 9 (Barème de notation)

3/ Le passé
Drame – France/Iran (2h10)
Réalisé par Asghar Farhadi
Avec Bérénice Béjo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa
En exportant sa dramaturgie en France, le réalisateur iranien de Une séparation (2011) démontre avec brio que le cinéma est universel et qu'il n'y qu'un pas de Téhéran à la banlieue parisienne. Huis clos psychologie d'une force rare, Le passé est également porté par des acteurs magnifiques de vérité, Bérénice Béjo trouvant ici la possibilité d'exprimer un répertoire tragique qu'elle n'avait jusque là guère eu l'occasion d'exprimer. Tahar Rahim prouve lui une nouvelle fois qu'il est probablement le plus grand acteur dramatique français de sa génération, et que l'on peut quasiment construire un film autour de sa simple présence à l'écran, même muette.
  
 4/ C'est la fin (This is the end)
Comédie – US (1h47)
Réalisé par Seth Rogen et Evan Goldberg
Avec Seth Rogen, Jay Baruchel, James Franco, Jonah Hill
Près de 10 ans après les premiers succès cinématographiques de la marque Judd Apatow, toute la clique de ses acteurs fétiches signent le plus grand délire de tous, pour la première fois réalisé par Seth Rogen en collaboration avec son associé habituel Evan Goldberg. C'est la fin est clairement l'aboutissement d'une décennie de catchphrases à la mitraillette et de blagues gravuleuses innocentes, décuplé par une auto-dérision un poil voyeuriste mais irrésistible d'une bande d'acteurs bien conscients de leur nouveau statut de rois de la comédie américaine. Incommensurablement drôle si l'on adhère à l'humour Apatowien parfois un peu régressif, C'est la fin est la preuve que le cinéma américain, quelque soit son budget et son ambition artistique, reste une formidable machine à faire rire avec ses surdoués du stand-up remettant sans cesse à jour son logiciel comique.

5/ Inside Llewyn Davis
Comédie dramatique – US (1h45)
Réalisé par Joel et Ethan Coen
Avec Oscar Isaac, Carey Mulligan, Justin Timberlake, John Goodman, Garrett Hedlund
Evitant subtilement les travers du film d'époque folklorique, le dernier film des frères Coen est une magnifique œuvre hantée par le froid et la malchance qui redonne à la folk music ses lettres de noblesse en la sortant de l'atmosphère de carte postale dans laquelle on l'enferme trop souvent. Visuellement superbe, Inside Llewyn Davis est une comédie dramatique clairement plus tragique que comique dont le récit suit subtilement l'errance de son héros, parfaitement interprété par un Oscar Isaac à qui les frères Coen offrent ici son premier très grand rôle.

6/ Ouf
Comédie dramatique – France (1h45)
Réalisé par Yann Coridian
Avec Eric Elmosnino, Sophie Quinton 
Premier long métrage de Yann Coridian, Ouf est un de mes coups de cœur de l'année. Film en apparence instable et hésitant cesse entre le comique et le tragique, Ouf n'en est pas moins porté par une vraie grâce et illustre subtilement la maxime disant que le comique est un tragique vu de dos. Porté par un Eric Elmosnino dans un rôle sur-mesure lui permettant d'exprimer toute la gamme de son jeu fait de maladresses et de fausse nonchalance, Ouf n'est sans doute pas le film le plus original ou le plus abouti de l'année mais contient une petite part de vérité qui suffit à le rendre unique.

7/ Un château en Italie
Comédie dramatique – France (1h44)
Réalisé par Valeria Bruni-Tedeschi
Avec Valeria Bruni-Tedeschi, Louis Garrel, Filippo Timi, Céline Sallette
Tout m'incitait à détester un film pouvant potentiellement verser dans l'auto-biographie pleurnicharde et porté par deux acteurs héritiers dont la présence à l'affiche est toujours une sorte d'injure à la méritocratie républicaine. Mais l’œuvre de Valeria Bruni-Tedeschi est en réalité bien plus que la somme de ses parties et porte en elle à la fois une drôlerie, une douleur et une beauté qu'il est difficile d'occulter, tant la partition de ses acteurs sonne juste et tant le jeu des saisons est subtilement évoqué pour donner une touche de poésie au récit. On apprend parfois plus de ses ennemis que de ses amis.

8/ Ma meilleur amie, sa sœur et moi (Your sister's sister)
Comédie dramatique – US (1h30)
Réalisé par Lynn Shelton
Avec Emily Blunt, Mark Duplass, Rosemary DeWitt
Énième preuve que le cinéma américain peut produire autant de blockbusters affligeants de bêtises que de petits films indépendants faits avec deux bouts de ficelle, My sister's sister est le deuxième film de Lynn Shelton après le remarqué Humpday (2009), déjà avec Mark Duplass et qui avait été adapté en France par Yvan Attal (Do not disturb, 2012). Pour ce second long-métrage remarquablement écrit, Lynn Shelton réunit un joli casting avec la toujours sémillante Emily Blunt, Mark Duplass, figure du cinéma indépendant américain du moment, et l'énigmatique Rosemary DeWitt, tous parfaits dans leurs rôles respectifs. Toujours drôle, parfois touchant, le film de Lynn Shelton parvient à éviter tous les pièges du film indépendant à petit budget en ne se laissant jamais embarquer dans la contemplation, l'opacité et/ou la pédanterie. Un bon moment à déguster sans aucune arrière-pensée, et qui n'oublie pas d'être intelligent.

9/ Mariage à l'anglaise (I give it a year)
Comédie – UK (1h37)
Réalisé par Dan Mazer
Avec Rafe Spall, Rose Byrne, Anna Faris, Simon Baker
Après ses multiples collaborations avec Sacha Baron Cohen, dont Borat (2006), Dan Mazer monte en subtilité sans rien perdre en fous rires avec la comédie anglaise de l'année, pas radicalement différente de toutes ses glorieuses aînées mais pas moins bonne non plus. Un pari réussi autant grâce à des dialogues et des situations très bien trouvés qu'un casting tout aussi bien réfléchi, avec Rafe Spall en gentil imbécile heureux, la de plus en plus indispensable Rose Byrne en cadre BCBG au bord de la crise de nerf, Anna Faris en américain hippie à côté de la plaque et Simon Baker alias le Mentaliste en yankee irrésistible, caricature de lui-même. On appréciera également le courage d'un film contournant l'éternel problème du happy end en proposant une réflexion pas si sotte que cela sur les prétendus coups de foudres et les mariages qui s'ensuivent. 

10/ Le prochain film
Comédie dramatique – France (1h20)
Réalisé par René Féret
Avec Frédéric Pierrot, Sabrina Seyvecou, Antoine Chappey, Marilyne Canto
Dernière livraison de la petit entreprise familiale Féret, Le prochain film est un film volontairement fait de brics et de brocs qui parvient intelligemment à traduire la précarité morale et professionnelle de ses personnages, tous excellemment interprétés par les 4 acteurs principaux. Bien que décousu et forcément inégal, le film de René Féret sait faire le difficile pari de la simplicité et en devient finalement d'autant plus attachant, sachant être tour à tour drôle ou touchant mais toujours juste. Mise en abîme cinématographique très épurée de l'ambition artisanale de son réalisateur, Le prochain film est un beau film sur le cinéma et les hommes et les femmes qui l'animent, débarrassé de toutes les postures et caricatures lui étant souvent attachées, montrant qu'il n'y a au final que la vie là-dedans et rien d'autre.


Ils n'ont pas eu les honneurs du Top 10 mais avaient quand même eu 9/10 (Barème de notation)

11.6 - Drame de Philippe Godeau avec François Cluzet (France, 1h42)
Terrible chronique de la frustration sociale adaptée de l'histoire de Toni Musulin, convoyeur de fonds le plus célèbre de France. François Cluzet bouleversant de rage rentrée et de désespoir.

Prisoners - Thriller de Gilles Villeneuve avec Jake Gyllenhaal, Hugh Jackman (US, 2h23)
Thriller pluvieux et poisseux impeccablement mis en scène par Gilles Villeneuve et parfaitement interprété par son duo d'acteurs principaux. Angoissant.

La Vénus à la fourrure - Comédie dramatique de Roman Polanski avec Mathieu Amalric (France, 1h33) 
Exercice de style diablement intelligent déroulé de main de maître par Roman Polanski grâce à un Mathieu Amalric qui prouve qu'il n'a plus rien à prouver.


Ils ont eu 8,5/10, donc il y a un petit quelque chose en plus (Barème de notation)

Rêves d'or - Drame de Diego Quemada-Diez (Mexique, 1h48)
Road-trip adolescent réaliste et poétique à la fois, un premier film sans fautes.

Les interdits - Drame de Anne Weil avec Soko et Jérémie Lippmann (France, 1h40)
Road-trip soviétique rétro et drame amoureux familial intelligemment mêlés.

Gravity - Thriller d'Alfonso Cuaron avec Sandra Bullock (US, 1h31)
Dissertation minimaliste sur le vide et la survie. Visuellement génial.

Les conquérants - Comédie dramatique avec Denis Podalydès et Mathieu Demy (France, 1h36)
Conte loufoque et malin sur la recherche de soi, moins simplet qu'il n'y parait.

Frances Ha - Comédie dramatique de Noah Baumbach avec Greta Gerwig (US, 1h26)
Scènes de l'adulescence et de l'errance. Un beau film sur l'amitié, aussi. 

Blackbird - Drame de Jason Buxton avec Connor Jessup (US, 1h43)
Chronique américaine du désespoir adolescent et de l'exclusion.

La fille du 14 juillet - Comédie de Antonin Peretjatko (France, 1h28)
Farce nouvelle génération très Monty Pythonesque qui devrait en appeler d'autres. A suivre.

Oh Boy - Comédie dramatique de Jan Ole Gerster avec Tom Schilling (Allemagne, 1h28)
Déambulation générationnelle dans Berlin. Jumeau plus cocasse de Oslo, 31 août (2012).

Sous surveillance - Thriller de Robert Redford (US, 2h05)
Crépuscule d'une génération. Émouvant hommage de Robert Redford aux luttes perdues.

Somebody up there likes me - Comédie de Bob Byington avec Nick Offerman (US, 1h16)
Dernière perle fantaisiste de la comédie américaine sans le sou. A voir après The Color Wheel (2012).

Alceste à bicyclette - Comédie de Philippe Le Guay avec Fabrice Luchini et Lambert Wilson (US, 1h44)
Carte blanche misanthrope sur l'Ile de Ré pour Fabrice Luchini. Verbe haut et pensée profonde.


Voilà, désolé pour les autres, repassez en 2014.
Jean Dujardin nous a confié en exclusivité qu'il jouerait nu dans le prochain OSS 117. Tactique classique pour figurer dans notre prochain Top 10.


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